Ecoute ce qui se dit , ce qui se fait.
Ceux qui se parlent et qui se voient.
Sens les étoiles, le sens du vent.
Ecoute la voix du monde, le chemin de ses rondes.
Regarde écoute les mains et ne te laisse tromper.
Ne te laisse trembler.
Trempe ton regard dans les leurs, pas dans les leurres.
Ne te laisse délaver par les eaux impudiques,
ondes doucereuses qui pourraient te noyer.
Ecoute regarde, ce sont tes yeux ton cœur et tes désirs.
Vois ton chemin et va vis, malgré leurs lendemains
et leurs manières de voir.
Ecris tes mains tes mots
sans te sentir dépenaillé par des yeux qui ne sont pas les tiens.
A ta propre hauteur taille ton roc
sans leurs miroirs réfractant d'autres modèles d'autres modes.
Entends tes doutes, mais jamais ne renonce à l'étoffe de ta soie.
Abandonner serait te mettre au ban sans plus rien te donner...
Avancer
Courir dans le brouillard
Happer le sel
La vie son eau ses vides
Ses entrelacs confus.
Courir encore, sans voir plus loin que là
Juste à portée de main
Emerger et avancer encore.
Fermer les yeux sentir
Les poisons qui demeurent.
Pourtant se faire confiance
Se gonfler de ses pas
De ses propres pas qui
L'un devant l'autre avancent.
Ne pas voir, ne pas savoir la suite
Et pourtant accueillir
Juste au bord de ses cils
Les gouttes de givre
Comme autant de diamants.
"...Parce qu'attention, qui dit terroir ne dit pas forcément déjà vu et grosses caisses. Ce n'est pas parce que l'on connaît des instruments populaires comme l'accordéon, des tambourins et des violons, que l'on a tout entendu. Une fâcheuse tendance depuis les années 80 est de confondre traditionnel et folklorique. Grosse erreur. Là, point de dentelle aux cols des chemisiers des femmes, point de sabots, point de pantalons en côte de velours. Non, un répertoire qui peut être raffiné, oublié ou méconnu, venu d'ici et là ou de beaucoup plus loin. Certains airs et musiciens arrivant directement d'Italie, de Corse, des pays scandinaves ou du Québec. Sonorités chaudes, entraînantes, touchantes.
Quelques groupes se succèdent. On passe d'une grange à l'autre, d'une scène à l'autre, un gobelet de bière à la main. Comme dans tout festival qui se respecte.
Je m'assoie sur un banc. Changement de scène: on ajuste les chaises, les micros… c'est rapide, ce n'est pas un Zénith non plus! Instants de brouhaha, de paroles et de rire entre les uns et les autres. On partage ses impressions sur ce et ceux que l'on vient d'écouter, on se ressert un verre de vin, on comble l'attente.
Soudain tout retombe. Comme un soufflé, l'agitation s'écrase mollement, les bruits cessent. Une note, une seule, longue, ample, généreuse, obtient le calme, l'attention. Le respect. Puis une autre, puis une mélodie qui s'élance, sans chichis, sans prétention, qui n'est ni emphatique, ni séductrice. Plutôt pure et venant d'un tréfonds, celui de la caisse sans doute, tout en résonance. Le genre de son, de timbre et de vibrations qui vous creuse les entrailles. Que vous n'avez pas vu venir, mais qui vous trifouille en un souffle.
Les notes se suivent, s'entremêlent, la mélodie s'envole peu à peu. C'est parti. C'est parti, mais moi je suis là, presque plombée. Ma carcasse pesant sur son fondement, alors que mon cœur et mes tripes, tout mon intérieur est aux abois ! Les notes vibrent, mon corps frissonne de toutes parts, n'en revient pas. Où suis-je partie, d'ailleurs?
"Mais c'est quoi cet instrument? C'est quoi cette musique?". Mon voisin n'est pas sûr. De toute façon, sur fond d'applaudissements, je comprends mal sa réponse. Il a sorti un nom compliqué, je ne le retiens pas. Juste mon souffle: la jeune femme entame le deuxième morceau. Peu à peu, j'écoute mieux, je regarde mieux. L'instrument est pour le moins singulier. Un clavier aux innombrables touches sur un manche tendu de nombreuses cordes, sur lequel se déplace la main gauche de la musicienne; un archet dans sa main droite vient frotter les cordes, que dis-je? Caresser, faire danser les cordes et tout l'instrument. Un genre de gros et long violon, au galbe moins élancé, peut-être un peu lourdaud. Au bois néanmoins chatoyant. Qu'importe! La musique, elle, est légère, pleine, entière, ne ment pas, s'élance avec honnêteté, nous regardant droit dans les yeux. Au fond de moi, elle fait trembler le plus sensible, le plus lointain, l'enfant qui est là mais qu'on enfouit toujours..."
Laurence Litique
Extrait de La Clarté sombre des réverbères (2), revue littéraire, Jacques Flament Editions, janvier 2015.
http://www.jacquesflamenteditions.com/166-la-clarte-sombre-des-reverberes-2/
A l'heure du soleil,
Dans un ciel étiré,
Je reçois et j'accueille.
Infiniment tendres sont
Les mots
Les fleurs
Les friandises du corps
De l'âme
Les papiers
Les lettres semées
Les bois
Et huiles parfumées.
Tant d'attentions
De pensées
Que loin derrière les yeux
L'émotion épand
Berce et caresse
Le fragile de la rosée
Qui s'était levé.
Ici et là,
le 30.09.14
Accueil, Laure Lie
Lorsque les mots ont tout dit,
restent les gestes, le silence et le souffle.
Un souffle qui passe, se glisse
entretisse les interstices
De ce qui ne se nomme plus que
dans la profondeur des êtres qui se donnent.
Le Dieu des Petits Riens
sème sur notre chemin
un fatras de breloques de babioles
un monceau de bonheurs
(Photo: Tragédie d'Olivier Dubois)
Dans tous les corps nus
Ton corps.
Dans toutes les nudités
La tienne, la mienne.
Palpitation de tes muscles
Grains de ta sueur
Lueur dans tes yeux
Frissons à fleur de peau
Toi. Elle. Lui. En vie.
Une nudité épousant l'amour
Qui se vit dans le don
Qui se dit dans l'accueil
Vérité simple sensible.
Plus d'amour-peur, d'amour-chantage
D'amour-achat, d'amour-rachat, d'amour-crachat.
Ni servitude, ni restrictions
Sources d'infinies tragédies
Pièges tendus à nos humaines failles.
La nudité comme ton visage
La nudité entre nos mains
Portant, tels ces corps nus,
Le cœur de l'être
Nommé parfois humain
L'indicible de l'Amour.
Savoir l’instant
Digne d’un présent
Moments écoulés
Doucement ambrés
Tendres partages
Du fond des âges
Mots et lueurs
Feux, couleurs
Envers tant d’heurts
Goûter au lait au miel
Contre le fer et le sel….
Ce n'est pas forcément le rouge
qui fait une production prolifique.
incarnat vermillon grenat
cerise basque bordeaux
carmin pourpre alizarine
amarante brique cardinal
garance corail framboise
coquelicot vermeil anglais
sang SANG sang
Ainsi se vit mon existence dedans
Même si le dehors reste certains jours blanc.
Aphone, atone, muette ou silencieuse quelques temps
mon monde n'en est pas moins bouillonnant.
En mode rouge nécessaire fécond et créateur
mode-origine mode-exutoire
de toute composition
d’une profonde expression...
Tous les silences
ne se déclinent pas que de
blanc
blanc
blanc
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