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5 novembre 2012 1 05 /11 /novembre /2012 07:00

Défi n°89 -

 

Un banc. Rien qu’un banc et un parc tout autour.

Bien sûr, il y a la verdure, d’autres bancs, un parterre de fleurs, une pièce d’eau, et même un toboggan, des balançoires pour les enfants.

Alors avec, vont les poussettes, les cannes, les joggeurs, un vieux monsieur au bras de son fils et tous les promeneurs du monde sur les allées de cailloux fins.

Les voix murmurées des grands, les rires des plus petits.

Des espaces en herbes, plus ou moins folles, accueillent les flâneurs. Ceux qui aiment fermer les yeux, dos contre Terre, inspirant le moindre soleil, rêvant sous le blanc et le mauve des nuages, sous les nuées des hirondelles. Ceux-là même qui ne viennent pas quand les pelouses sont interdites.

Oui, bien sûr, il y a tout cela dans le parc public.

Mais seul le banc, un peu usé, un peu camouflé sous une longue branche de feuilles vertes m’appelle. Je n’ai d’yeux que pour lui.

Ce même banc de tous les amoureux. De tous les amoureux des parcs.

Ce banc où toi et moi aimons par-dessus tout nous enlacer.

 

 

Banc.jpg

 

 

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10 septembre 2012 1 10 /09 /septembre /2012 06:00

 

Défi n°85

 

Elles tamisent, tamisent le grain, ainsi à chaque saison.

Les pieds calés sur la terre sèche, en mouvements réguliers.

Sont-elles plus mal loties là qu’alentour ?

La contrée est aride, la lumière drue, leur existence pauvre.

Elles tamisent. Patiemment, elles trient le bon grain de l’ivraie.

Se plaignent-elles ?

Elles ont compris, bien saisi, leurs pieds calés sur la terre sèche, dans les creux de leurs rides ou la douceur de leurs peaux encore lisses, qu’elles tissent le fragile de l’encre de leurs chants, du juste de leurs gestes, dans leur expire, quand leurs paupières déposent sur leurs yeux les images d’un ailleurs aux encres mordorées.

 

 

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16 avril 2012 1 16 /04 /avril /2012 06:00

 

Pourpre...

 

L’air vert et profond entre en moi.

Je ne suis là que pour ça.

Inspirer les couleurs et toute leur transparence.

M’en repeindre l’intérieur pour oublier

Les noirs et les blancs aveuglants.

 

 

Pourpre.jpg

 

Vivre de cette fraîcheur, qu’elle soit vive ou pastelle, la décliner en senteurs.

En rumeurs, en froissements et en battements d’ailes,

tout colorer, laquer, en contrastes en douceur.

Des déchirures estompées aux joies ardentes, azurées.

Tout repasser au fil du vent et du pinceau, sous les doigts et les crayons, au fil de l’eau.

Badigeonner, barbouiller, encrer, jusqu’à l’ultime jaillissement…

…du pourpre de la vie.

 

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19 mars 2012 1 19 /03 /mars /2012 07:00

Défi n° 77

 

Sous mes pieds les grains de sable.

Sous mes pieds tout un monde que je crois modulable.

Mais éphémères sont mes pas, qui, saisis par le temps, ne laissent en ce monde immense et immuable, que quelques traces.

Aussi vite par le vent, par une vague, effacées, enfouies, enfuies.

Au-delà de mes empreintes, chimères, que reste-t-il ?



                                        Laisse à Cadet



 



 

 

 

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5 mars 2012 1 05 /03 /mars /2012 07:00

Défi n°76

 

« J’aurai sa peau j’aurai sa peau j’aurais sa peau !»

Sa peau de poisson pleine d’écailles et gluante! Et vas-y que je me tortille d’un côté et vas-y que je me tortille de l’autre ! Stop !

Ce poisson rouge qu’une amie m’avait confié en gardiennage depuis trois jours seulement et encore pour autant d’autres, je ne pouvais déjà plus le souffrir… A tourner dans son bocal vingt-quatre heures sur vingt-quatre, à me narguer ainsi en tournoyant inlassablement, de ses gros yeux globuleux et absurdes… Trois jours encore, c’était trop.

J’avais bien essayé de l’attraper le premier jour, pour voir, en dehors de l’eau, à quoi il ressemblait vraiment. Et c’est là que toute l’horreur m’était apparue : un être visqueux et rugueux. Qui hérisse au toucher et qui vous glisse entre les doigts. Du genre de ceux qui piquent puis qui font l’anguille. Pas net quoi. Tout ce que je déteste dans la vie !

 

J’avais beau vaquer à mes occupations quotidiennes, je sentais jour après jour, heure après heure, que rien n’était comme avant. Que tout changeait un peu plus dans mon espace à chaque fois que j’approchais du bocal. Que ça ne tournait plus rond depuis que l’autre tournicotait sans but dans sa bulle. Parce que je saisissais aussi que si le bocal avait été carré, il aurait tourné dans le carré de la même manière : il aurait pour ainsi dire tourné carré.

Je m’apercevais que quel que soit le moule qu’on pouvait lui refourguer, il l’aurait adopté sans se poser de questions ! Oubliant l’autre forme dans l’instant pour se fondre dans la nouvelle. C’est connu, la mémoire d’un poisson rouge… Amnésie trop facile ! Non, décidément, ce trait de caractère supplémentaire était le point de non retour.

Je m’ingéniai alors à faire des détours, à ne pas regarder dans la direction du bocal, rien n’y fit… Il me répugnait trop pour ne pas m’obséder l’animal.

Et encore, peut-on même parler d’animal pour un être sans contact, qui ne renvoie aucun éclat et dans les yeux duquel on lit le vide abyssal, vertigineux ?

Une sorte de mal-être angoissant gonflait en moi, que je sentais prêt à exploser si je ne faisais rien.

Je compris rapidement que je ne pourrais cohabiter un jour de plus avec cette bestiole. Ce serait lui ou moi. Etant chez moi, je n’allais pas céder ma place, m’effacer pour ses beaux yeux… Ses yeux globuleux !

Il fallait que je trouve un moyen. Un moyen rapide…

Le priver de nourriture ? Mon amie serait rentrée avant qu’il ait le ventre en l’air.

Le saigner ? Encore fallait-il que je l’attrape le bougre ! Et si le sang d’un poisson est aussi froid qu’on le dit, c’était au-dessus de mes capacités.

L’empoisonner avec un produit chimique quelconque ? C’était tentant… Mais s’il perdait forme animale, rongé par l’acide, mon amie me questionnerait. Je devais trouver quelque chose de propre, de non suspicieux. Et de rapide.

Le laisser mariner dans son jus, l’air de rien. Voilà ! En plus j’avais tout sous la main. J'avais l'eau, j'avais le bocal. Il suffisait de le noyer.

 

L’angoisse baissa d’un cran. Ce n’était plus qu’une histoire de minutes. Sans aucun doute.

Au bout d’une heure, de l’eau jusqu’au coude, j’avais beau lui maintenir la tête sous le niveau, les nageoires bougeaient toujours. Froidement, mais elles bougeaient encore. Je me contenais comme je pouvais face à cette fourberie, à cet être sournois, mais une boule urticante et pâteuse enflait au fond de ma gorge. L’air passait mal et commençait à me manquer. C’était clair, l’animal m’étouffait.

Je n’allais pourtant pas y laisser ma peau !

 

Je me rendis à l’évidence : je ne pourrais pas noyer le poisson. Ce n’était ni de ma trempe, ni dans mon caractère. De toute façon, je savais au fond de moi, depuis le début, que je ne saurais masquer l'embrouille. Que je ne saurais mentir à mon amie, pour le meilleur ou pour le pire. On est honnête ou on ne l’est pas.

Bon, que pouvais-je faire alors ? Attendre ! Attendre patiemment le retour de la propriétaire du bocal. Ce serait interminable et douloureux, je le savais, mais je ne lui en voudrais pas. Je pouvais faire ça pour elle puisqu’elle était mon amie. Je le lui rendrais son bocal, sans faire d’esclandre, mais en affirmant que je n’en voudrais plus. Sans complaisance. Si elle ne faisait pas d’histoire, si elle acceptait que son poisson, tout rouge fut-il, n’était pas mon truc, qu’il avait empoisonné six jours de mon existence, mais que je n’en ferais pas une drame, tout irait bien après tout.

 

Au bout du sixième jour, où je me sentais toucher de près l’agonie, mon amie revint. Me salua, entra chez moi et alla s’éterniser en gnagnagna mon Némo par-ci, mon Némo par-là.

Elle tourna autour du bocal pour mieux le regarder tourner lui aussi son Némo. C’est à cet instant que nous nous retrouvâmes chacune d’un côté du bocal et que je vis, par l’effet de l’eau, ses gros yeux globuleux, énormes, envahissant. Prêts à me manger !

« Hmmmm tout s’est bien passé, hein? Oh ! comme tu as changé…»

C’était à sa bestiole qu’elle s’adressait, pas à moi. C’était évident ! A moi, elle n’a rien demandé. J’étais transparente de l’autre côté du bocal dans lequel elle se regardait comme dans un miroir. Comme un poisson dans l’eau en quelque sorte…

A cet instant même j’ai compris ; j’ai compris que son poisson et elle étaient du même monde, qu’ils avaient le même regard sur celui-ci, qu’ils se correspondaient l’un et l’autre, parce qu’aucun des deux ne viendrait bousculer quoi que ce soit dans la vision de l’autre.

Je n’avais qu’une hâte : qu’ils partent, qu’ils déguerpissent tous les deux pour assainir mon air que je sentais vicié.

 

Lorsque la porte s’est refermée sur eux, j’ai inspiré une grande goulée, comme on s’abreuve à une source. L’air entrant trop vite dans mes poumons me brûla un peu, mais je respirais à nouveau.

Mon amie, durant quelques temps encore, me parla de son poisson. Je m’efforçais de donner le change, mais je n’avais rien à lui dire, sauf que je n’aimais pas les poissons, simplement parce que j’avais besoin d’une vraie relation, nette, authentique quoi. Qui ne vous file pas entre les doigts. Que c’était comme ça au fond de moi. Elle s’en offusqua. J’essayai de lui expliquer que ne noie pas le poisson qui veut ! Elle s’était réfugiée encore de l’autre côté du bocal pour feindre de ne pas comprendre.

Que pouvais-je dire encore ? Aurait-il fallu, pour lui plaire, que je me noie à la place de son Némo ? Il me semblait pourtant que l’affaire était propre et claire.

Je n’allais  pas sombrer moi-même dans des eaux obscures, y laisser ma peau, parce que je ne savais pas noyer le poisson…

 

Poisson-rouge.jpg

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