Une fois n’est pas coutume, de lien en lien, me voilà sur un autre blog, un projet.
Le projet de Mathieu Simonet (merci Mathieu) , « Ecrivez un texte sur votre père »… J’en avais un tout prêt tout cuit: Un Monsieur m'a dit (publié ici même en février 2012: http://nouvelles-en-vrac-de-laure-lie.over-blog.com/article-un-monsieur-m-a-dit-98650387.html ), que j'ai donc livré là, à quelques variantes près : http://lapaternite.blogspot.fr/2013/08/96-800x600-normal-0-21-false-false.html )
De lien en lien, j’aboutis sur un autre projet de Mathieu : la même chose version Maternité. Là, ici même, rien d’écrit… Je me dis, peut-être, ou non. Selon l'inspiration.
Inspire, expire, un matin, les mots fusent, les phrases jaillissent et se lient. Toutes seules. En moins d'une demi-heure le texte est bouclé.
Parce que pour une question de lien…c’en est une. Non des moindres.
Ni fioritures, ni contexte (ou si peu) : je sais exactement où je vais. Au cœur, dans le mille, tout au fond du lien… Dans Une semaine, se dit, se lit l’indéfectible. Rien d’autre. Qu’on le veuille ou non, il est là, tel quel, inamovible, inexorable. C’est ainsi !
Le lien, le voici… là :
http://la-maternite.blogspot.fr/2013/08/laurence-litique-n185.html
(A force de liens, j’aurais déjà décroché. Pas vous? Ne peut-on dire trop de liens tuent le lien ?!)
Et ici aussi: (sur un rouge qui vacille...)
Une semaine
Une semaine, sept jours ou encore le nombre d’heure correspondant.
Les souvenirs foisonnent, en impressions et taches sensibles.
Ma mère, c’est les matins d’été, revenant du jardin, une brassée de haricots vertigineuse emplissant la table et la cuisine d’une odeur verte. Ce sont les bassines bouillonnant d’orangé, d’ambre ou de carmin translucides. Et les effluves de fruits sucrés que l’on mangerait bientôt en confitures.
C’est le moteur ronronnant de la machine à coudre, les tissus chamarrés emportés par ses griffes et les poussières de fils et d’étoffes effilochées voletant dans la poussière.
Les empreintes dans une couche de neige fraîche et épaisse.
Ma mère c’est les goûters, puis les devoirs, après l’école, sur la toile cirée du quotidien, sous le néon trop vif ; c’est le devoir et la tempête dans ses prunelles sombres.
Ma mère, c’était l’impossibilité de la quitter, en-dehors des heures d’école déjà trop longues. Et ces longues heures en larmes à la chercher, lorsque je devais passer un jour ou deux chez les grands-parents ou chez une tante.
Au-delà de ses cheveux noirs, de son timbre autoritaire et de sa posture un peu raide au bout du couloir, de sa difficulté à rire de tout et de rien, la priorité de ma mère était toute l’attention portée à sa maisonnée. Pour que ça tourne bien, pour que ça roule. Et ça roulait.
Ma mère, je l’ai nommée, appelée, cinquante, cent fois par jour durant des années et bien au-delà du raisonnable de l’âge adulte. Souvent elle me l’a dit, que pour un oui, pour un non, pour une évidence qui était sous mes yeux, je l’appelais, lui demandais comment faire ou simplement son avis. Quand je fus éloignée d’elle physiquement, c’est le téléphone qui a pris le relais.
Parce que par-delà les souvenirs, bons au mauvais, ma mère est avant tout cette semaine, sept jours ou le nombre d’heures équivalant, durant lesquelles elle fut absente, elle dut me quitter -oh contre son gré, je le sais !
Cette semaine, ces sept jours ou le nombre d’heures correspondant sans elle à la maternité, du haut de mes quelques jours de vie, malgré toutes les bonnes volontés du monde, les siennes, les miennes, reste la faille temporelle, une mémoire de chair, sans image sans son et sans couleur, qui me relie le plus indéfectiblement à elle.