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21 décembre 2010 2 21 /12 /décembre /2010 20:58

 

   D’abord il y eut la chaleur. Il y eut la douleur. Horrible et laide, plus cruelle que le vide.

Un abîme, au bas mot. Celui des nuits et des cauchemars. Un gouffre.

Cette nuit-là, il faisait jour. Un jour radieux de plein été, de senteurs des blés fraîchement coupés, de blés et de soleil dorés.

Les blés torrides d’un jour d’été ; le soleil blond d’un mois de juillet. Les mots se sont emmêlés. Ceux qui disaient la réalité.

Cette réalité, toute petite mais juste : celle d’une absence.

Le reste n’eut plus de contour et le précipice plus de fond.

Il n'y eut plus personne pour exister.

 

C’était un jour très beau. Un jour à sortir une jupe légère et un tee-shirt court. L’idée de cette robe de toile vaporeuse, soulevée par la brise d’été, longtemps, longtemps après encore, fut le même mal que l’absence. Inattendues sont les choses qui se fondent aux événements.

Une absence qui aurait pu passer comme une écharde. Elle pique, on l’ôte et puis plus rien.

Ce fut un glaive ou un poignard ; les deux peut-être.

Et leur lame reflétant la blancheur d’un soleil aveuglant.

Soleil 

Plus rien, rien d’autre n’a existé durant des jours, des jours durant, qui ont tiré leurs heures par les cheveux.

Et chaque matin, et chaque soir fut un combat. Le même combat chaque heure.

Les larmes étaient brûlantes, impossibles à tarir. Les larmes venaient d’elles-mêmes, s’allongeant autant que l’attente, tendant les mains vers un avenir déjà passé, vers l’inexistence et le vide, de jour en jour plus assurés.

 

Les jours se sont ressemblés, se sont étirés et traînés.

Il n’y eut plus ensuite de musique intérieure, rien qu’une voix éraillée, un brouhaha grinçant ; il n’y eut plus sous les paumes aucune douceur, rien que graviers acérés et poussières de verres.

Il n’y eut plus que la mémoire lancinante, les images incrustées, celles d’autres mains, d’un autre corps.

Et de l’absence…

 

Les jours ont passé, les mois se sont écoulés au compte-goutte, la saison a basculé.

Les parfums de l’été, pourtant, sont restés. Les parfums piquant de l’herbe fauchée, du foin enroulé, de la robe d’été. Avec eux, les souvenirs, la mémoire ont rappelé sans cesse la profondeur et l’inutilité. Le vide.

 

D’autres jours et d’autres mois ont pleuré cet espoir évidé.

D’autres jours et d’autres mois ont bataillé avec l’insensé, avec la souffrance devenue familière, mais non apprivoisée. Ont bataillé pour s’en débarrasser, quand tout en soi, au final, la retenait.

A en devenir folle. Empreinte jusqu'au sang. 

 

Pourquoi ne pas avoir effacé ?

Pour rouler au fond, tout au fond, encore, la lueur d’une espérance, aussi maigre que démente?

Ou par peur du temps qui oublie, qui aplanit et qui polit…

 

D’autres jours et d’autres mois plus tard, à force de poncer et de lisser les rugosités, afin qu’elles puissent glisser enfin, n’entaillant plus les chairs au passage, peut-on se dire qu’on a gagné ?

 

Quand le bord des souvenirs peu à peu devient flou, quand les obsessions n’en sont plus, lorsque le vide s’est tissé un fond et que les plaies de loin en loin se sont presque tues, alors, peut-être peut-on dire que la vie l’a emporté dans la lutte contre la mort.

Peut-être…

Mais de mort, il en est une. Certaine. Celle d’un pan entier de mémoire qui a laissé filer cet amour qui n'est plus. Avec la certitude que tous, tous les autres amours promis se trouvaient en son sein ; et que l’oubli qui tempère et atténue est aussi féroce que la douleur de tous les étés, lorsque la mémoire, pour de nouveaux jours, se nomme mélancolie, en tuant les promesses.

 souvenirs

 

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