La nuit fait craquer l’herbe sous les pas
Saisit les corps et luit de givre.
Les haleines expirent leurs buées de vie exhumée
Dans la sainteté noire immobile et sans bruit.
Le jour va faire pâlir le monde.
Sera-t-il mouillé de cendres ou auréolé d’ambre ?
Nul ne sait encore sur quelle teinte s’éveillera la beauté
Une beauté sublime, pure et profonde.
Pas celle de l’amant, de la dame
Quittant à regret leur désir comme leurs draps
Leurs illusoires atours ayant trompé l’amour
Croyant la veille briller de tous les feux des cieux.
Le filtre du matin va renvoyer l’homme la femme
A leur nature blafarde de mortels avides et bientôt pourrissants
Leur intimer l’ordre de leur chair et leur sang
Gueux piteux qu’ils sont de leurs confusions.
Le regard est joueur, enjôleur et malin
Ne voyant que le fard, les éclats, la parure
Quand tout un corps, une sève, un amour
Révèlent la perle subtile du plus profond de l’être.