Et si dans un pays, il n’y avait que des fils. Des fils dans les lignes des mains et des mains qui, seules sur leur fil, cherchent, attendent, mais ne voient que leur fil.
Et si chacun assis sur son fil avait les pieds dans le vide de la terre et le regard tendu, éperdu très loin, vers un ciel de nuages qui défile.
Un pays où chacun sur son fil, chaque femme, chaque homme, marche, regarde et fait son bout de chemin.
Chacun les yeux rivés sur le petit bout de son fil, pour éviter les failles. Aucun ne voyant les uns, ne s’apercevant des autres, se démener sur son chemin, chemins mêlés, entrecroisés, aussi multiples que les fils.
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Et si dans ce pays de fils tendus, de fils ténus, de solitudes entre les fils, si au croisement d’un chemin, au hasard d’un aiguilleur fou, s’entremêlaient les fils ?
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Alors soudain, on serait deux sur un fil. Au moins.
Et soudain, deux fils ne ferait plus qu’un, deux fils d'ondes vibrant dans le même son. Deux fils comme un seul rendez-vous.
Alors soudain, l’un levant les yeux apercevrait l’autre tout près sur le même fil. Si près que les mains se verraient ; si près que les lignes des deux mains mêlées pourraient tisser, tisser un nouveau fil.
Tisser leur fil.
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C’est un pays où l’un et l’autre, de leur fil,
dessineraient juste en dessous une île,
tisseraient dans l’air une aile,
pour parcourir ensemble terre et ciel.